« Maximiseur » ou « Satisfaiseur », les entreprises face aux solutions de dématérialisation

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J’ai souvent l’occasion en ce moment de discuter avec des clients et prospects qui se demandent comment ils vont aborder leurs prochains projets de dématérialisation fournisseur et client. Les décrets sont passés, mais la solution de l’Etat ne sera prête qu’en Janvier 2024…

Le même refrain arrive souvent : « j’ai peur de faire le mauvais choix », « je n’ai pas envie de faire pour défaire ». Il est vrai que dans la galaxie de solutions à implémenter, chacune avec ses avantages et ses inconvénients, il est souvent compliqué de prendre la bonne direction et de s’en satisfaire.

Choisir pour être heureux

Cela me ramène à une étude psychologique très intéressante sur la quête du bonheur et sur cette difficulté qu’ont certain.e.s à s’arrêter sur un choix. Certaines personnes – nous les appellerons les « maximiseurs » – veulent que leur choix soit le meilleur possible, sans aucun doute possible. Les autres – les « satisfaiseurs » – vont plutôt choisir une solution du moment que les cases sont remplies, en en étant satisfait et « sans se faire de nœud au cerveau ».

Leurs méthodes d’approche sont différentes :

  • Le « satisfaiseur » va rechercher des solutions comme son homologue. Ses critères de choix pourront être les mêmes que ceux du « maximiseur ». Dès qu’il aura trouvé une solution qui coche les cases, sa recherche s’arrêtera là. Il choisira sa solution, l’implémentera et en sera pleinement satisfait puisque ses critères de choix auront été respectés.
  • Le « maximiseur » de son côté va prendre le temps d’analyser toutes les solutions existantes (ou presque). Il lira des études, des comparaisons, des cas d’usage, des témoignages clients. Il dépensera une énergie folle pour être sûr et certain de faire LE bon choix, en le concevant comme définitif.

Faisons un parallèle « simple » avec, par exemple, l’achat d’un nouveau téléviseur. Le « maximiseur » irait dans son enseigne préférée… puis une fois sur place, il rechercherait le meilleur modèle (dans ses critères). Il irait sur des sites spécialisés dans les tests, lirait les avis des internautes. On le dirigerait vers un autre modèle plus performant… Ou pire, vers un modèle à venir qui serait meilleur. Au final, il prendrait peut-être de nombreuses semaines (ou mois) pour choisir un nouveau téléviseur… Et après moment de l’achat, il continuerait de lire les avis et comparatifs. Il se dirait peut-être qu’il a fait le mauvais choix, qu’il a manqué une opportunité d’avoir le meilleur matériel. Peut-être même serait-t-il déçu de son choix.

Le « satisfaiseur » quant à lui entre dans la boutique. Il demande conseil au vendeur, et repart avec une nouvelle télévision sous le bras. Il l’installe et en profite avec plaisir pendant de nombreuses années. Son renouvellement sera effectué selon le même principe le moment venu.

Les « maximiseurs » sont donc maudits ?

L’étude montre qu’en terme de « bonheur », les « maximiseurs » sont malheureusement moins bien lottis, car souvent insatisfaits des choix qu’ils font. Cependant cela n’est pas une fatalité. Quelques règles simples peuvent être appliquées pour que tout « maximiseur » tende petit à petit à devenir un « satisfaiseur » :

  • Classifier les critères : indispensables, intéressants, optionnels.
  • Faire confiance aux experts : ils ont déjà effectué des recherches qui vous feront gagner du temps sur des solutions qui répondent à vos critères
  • Imposer une limite de temps : plus on laisse passer du temps, et plus les options peuvent devenir nombreuses !
  • Et SURTOUT : se satisfaire de son choix une fois fait !

Et mon projet de dématérialisation dans tout ça ?

Revenons à nos projets de dématérialisation (ah oui, on parlait de cela c’est vrai !). A l’heure actuelle vous avez plusieurs éléments à prendre en compte :

  • Le calendrier de l’état est certes là et indique que vous avez jusqu’au 1er Juillet 2024 pour vous équiper (dans le meilleur des cas). Le « Maximiseur » se dit qu’il va étudier toutes les offres de toutes les sociétés d’ici-là. Quand il aura choisi sa solution, il la mettra en place avec plus ou moins de satisfaction puis se remettra immédiatement en quête de fonctionnalités complémentaires (car l’Etat en demandera encore plus).
  • Au cas où vous ne seriez pas au courant, la facturation électronique existe légalement depuis plus d’une dizaine d’années (sans passer par l’Etat). Tous les acteurs du marché (tiers de confiance en première ligne) sont en train de faire les démarches pour être prêts pour 2024. Le « satisfaiseur » y verra une merveille opportunité : mettre en place une solution dès aujourd’hui qui lui permettra de faire des économies et d’améliorer les processus de son entreprise, avec la promesse que le tiers de confiance sera prêt pour 2024. Peut-être même que le bon choix immédiat de solution lui permettra de financer par ROI les écarts potentiels que l’Etat prépare.
  • Rien de vous « bloque » chez une « PDP » ou un « OD » : vous avez même la liberté de vous connecter à plusieurs « PDP » si vous le souhaitez ! Rien de vous empêche de sélectionner une solution aujourd’hui et d’en changer dans 2 à 3 ans si jamais la satisfaction n’est pas complète.

Un peu de LEGO pour une meilleure solution

Dans les questions qu’on me pose régulièrement également :

  • « Dois-je changer mes processus comptables ou solutions de traitement de mes factures fournisseurs / workflow ? »
  • « est-ce que les PDP vont remplacer mes outils actuels ? »

Par rapport à cela, tout dépend des outils que vous avez actuellement et de votre cible (vos fameux critères de choix) :

  • Si vous avez aujourd’hui une solution comptable dans votre ERP qui est déjà optimisée (voire automatisée), vous n’avez aucune raison de la remplacer. Demain vous aurez uniquement besoin (ou pas) d’un OD ou d’une PDP pour servir de brique d’entrée/sortie dans votre solution actuelle.
  • Si en revanche vous n’êtes pas équipé, ou pas satisfaits de votre solution actuelle, ou que vous identifiez des gains clairs par un remplacement de votre solution, je vous encourage fortement à rédiger un cahier des charges pour la mettre en compétition.

Actuellement par exemple, nous conseillons certains de nos clients SAP en combinant des solutions « Best of Breed » sur les différentes briques : Tiers de confiance (future PdP), capture / OCR, intégration dans SAP, traitement comptable et automatisation dans SAP, workflow, émission de documents depuis SAP. Ce sont les choix qui nous paraissent satisfaire tous les critères. Chaque brique peut être implémentée à son rythme et permettre de réaliser des économies rapidement.  Et rien n’empêche grâce au modèle SaaS de remplacer une brique parmi les premières en quelques mois.

Prenons un exemple très concret. Mettre en place un projet de dématérialisation de vos factures fournisseur prend en moyenne 3 mois. Décidez-vous maintenant : vous serez prêts en production au premier trimestre 2023 ! Vous aurez ainsi tout le loisir pendant un an de choisir et d’implémenter la brique de connexion à Chorus qui vous convient. Vous pourrez également étaler la conduite du changement brique par brique, plutôt que de devoir tout faire en Juillet 2024 !

« Maximiseur » vs « Satisfaiseur » : balle au centre !

Pour conclure, chacun appliquera la méthode qui lui conviendra pour choisir une solution.

La « peur de faire le mauvais choix » n’existe pas vraiment dans notre domaine. Les acteurs existants sont là depuis longtemps et pour longtemps. Et leurs solutions seront remplaçables si vous n’en êtes pas satisfaits !

Voyez le côté positif de votre choix :

  • Si votre choix de solution est absolument parfait, vous aurez gagné du temps
  • Si votre choix est perfectible, soyez rassurés : avec une proposition « par briques » vous n’aurez pas à « défaire » tout ce que vous aurez accompli et garderez le bénéfice de chaque implémentation et expérience.

Que vous soyez « maximiseur » ou « satisfaiseur », nous sommes là pour vous accompagner pendant les prochaines années qui s’annoncent très … chargées en choix !